Le contrôle des armes : La tuerie de Parkland, est-ce le massacre de trop ?

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L’éternel débat sur le port des armes à feu refait une fois de plus surface au pays de l’oncle Sam. Faut-il toujours faire confiance aux pères fondateurs ou passer un cap en restreignant la portée du deuxième amendement ?

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Une des fusillades les plus meurtrières en milieu scolaire

Le 14 février 2018, la ville de Parkland s’est vue au centre de toutes les attentions. Située dans l’État de Floride, elle a connu l’une des pires fusillades en milieu scolaire de ses 25 dernières années. Au total, dix-sept morts et quinze blessés ont été dénombrés lors de ce massacre occasionné par un jeune homme de 19 ans du nom de Nikolas Cruz, ancien élève du lycée Marjory Stoneman Douglas. Même si la police reconnait que le jeune homme a acquis l’arme du crime légalement, ce sont ses antécédents qui sont sujets à caution. On le reconnait comme étant un individu « raciste » et « psychopathe ».

Ce drame repose la question de la vérification des antécédents des acheteurs d’armes à feu ; mais il s’agit beaucoup plus de l’éternel débat existant entre les défenseurs du port d’arme et ceux qui s’y opposent. Deux courants incarnés chacun par des groupes dont les poids sont inégaux. Si la NRA, lobby conservateur et défenseur de l’usage des armes à feu dispose de moyens considérables, plus de 160 millions de dollars, pour influencer les votes en sa faveur au sénat, les anti-guns comme on les appelle généralement sont d’abord les parents des victimes, les ONG ou autres organisations telles que ‘’Moms Demand Action For Gun Sens In America’’ au pouvoir financier assez limité.

L’émoi des victimes risque d’accélérer les choses

Les tueries du lycée Columbine en 1999, de Virginie Tech en 2007 ou de Sandy Hook en 2012 sont encore dans les mémoires. Cette dernière fusillade bénéficie en effet d’une médiatisation unique grâce aux réseaux sociaux. Au-devant de la lutte, ce sont d’abord les camarades et les parents des victimes qui entendent accélérer le processus de restriction des armes à feu.

« Si le président me dit (…) et qu’on ne peut rien y faire, je lui demanderai combien il a touché de la National Riffle Association (NRA). En fait je le sais : 30 millions de dollars. »

Sur les réseaux sociaux notamment sur Twitter, de nombreux hommes politiques ont été critiqués pour leur soutien à la NRA. Il s’agit notamment de Marc Rubio le sénateur de la Floride qui bénéficie de l’appui financier du lobby -environ 3 millions de dollars-, ce qui le classe au sixième rang parmi les bénéficiaires des fonds du groupe. Donald Trump, non plus n’a pas échappé aux critiques des jeunes lycéens. Le discours le plus mémorable à son encontre et l’un des plus « retweettés » est celui d’Emma Gonzalez, une élève du Lycée endeuillée : « Si le président me dit (…) et qu’on ne peut rien y faire, je lui demanderai combien il a touché de la National Riffle Association (NRA). En fait je le sais : 30 millions de dollars. »

Hormis les organisations qui luttent déjà contre le port d’arme, cet énième drame a également déclenché une vague de solidarité de nombreuses célébrités et personnalités politiques. Oprah Winfrey ou encore Steven Spielberg ont chacun soutenu avec 500 000 dollars le mouvement « Marchons pour nos vies » ; une initiative des lycéens qui a le soutien des deux ex premières dames Hillary Clinton et Michèle Obama.

 

 

Trump face aux défis du lobby proarme

Les drames successifs liés au port d’arme, le 18e depuis le début de cette année, remettent sur la table la puissance des lobbies proarmes aux États-Unis, en l’occurrence la NRA. En effet, ce puissant groupe est accusé de subventionner de nombreux politiciens surtout au sénat, empêchant du coup toute procédure de révision du deuxième amendement de la constitution américaine.

Donald Trump, conservateur et président républicain, se retrouve dès lors dans une position délicate. Il proposerait en effet d’armer les professeurs, mais surtout de prendre des mesures pour la vérification des antécédents des acquéreurs. Cette dernière solution ayant été proposée par le passé par les prédécesseurs de Trump afin d’apaiser les nombreuses victimes de ses actes fut sans grand succès. En début de mandat, le milliardaire avait pourtant retiré une proposition de loi de Barack Obama allant dans ce sens -ce qui n’était pas étonnant- alors qu’il avait affirmé en avril 2017 lors de la conférence annuelle de la NRA à Atlanta : « Vous avez un ami à la Maison-Blanche ».